S’accorder pour faire alliance
Combien d’accords sont-ils signés sans être suivis d’actes concrets ? De bien nombreux dans des
domaines variés et à des échelles diverses.
S’accorder au niveau des valeurs est souvent relativement facile : respect, solidarité, liberté, égalité font souvent consensus selon une éthique humaniste. Mais dès lors qu’il s’agit de transformer ces référents en actions, des distorsions et des obstacles s’infiltrent. Parce que chacun ne définit pas ces valeurs de la même façon. Mais surtout parce que la mise en œuvre concrète de nos idéaux demande effort.
Effort par rapport à nos habitudes, à un certain confort, à notre environnement, à nos représentations, à nos aspirations…
S’accorder commence ainsi par soi-même, par la recherche d’une certaine harmonie entre nos différentes dimensions
corps – coeur – esprit. On pourrait également évoquer sa part de Masculin, sa part de Féminin, ou encore les niveaux logiques de Dilts qui formalisent l’organisation des processus déterminant nos modes d’agir (notre environnement, nos comportements, nos capacités, nos croyances et valeurs, notre identité, le(s) sens de notre vie.
La recherche de cohérence entre ces différents plans relève d’un premier niveau de conscience qui implique des choix d’agir et de non-agir (inhibitions), des régulations et des ajustements réfléchis.
Ce qui ne pourrait paraître que contrainte pourrait aussi être conçu comme un art qui conjugue à la fois discipline et talent, et pouvant apporter joie et accomplissement.
Et cet exercice confère un certain sens à la vie, d’autant plus fort quand il est soutenu par une réciprocité dans la relation. S’accorder avec autrui pourra ainsi être d’autant plus puissant que chacun aura consolidé sa propre cohérence interne. Cela ne dispense pas de la formalisation des mesures concrètes à travers un contrat. Mais si celui-ci a bien pour vocation de définir les clauses de la réalisation d’un accord, il vise souvent à prévenir les éventuels désaccords.
L’alliance est d’une autre nature.
C’est le mariage de deux ou plusieurs éthiques en actes. C’est-à-dire l’engagement à inventer ensemble des solutions aux situations qui ne sont justement pas prévues dans le contrat, au bénéfice de la cause la plus noble définie conjointement et qui transcende les intérêts personnels. Alors l’alliance devient cette force qui permet à chacun de trouver en soi les ressources nécessaires pour consolider sa propre cohérence.
Faire équipe, c’est ainsi choisir d’accueillir et de nourrir cette circulation des forces et des énergies entre soi et les autres membres. C’est, à l’instar des organismes vivants, permettre l’émergence de la création (d’idées, de concepts, de projets…) émanant de la symphonie d’accords vivants et vibrants portés par chacun, en reliance à tous.
Il ne s’agit pas d’une vision naïve ou utopique de l’équipe. Les tensions, doutes, découragements
peuvent toujours s’inviter, y compris aux moments les plus inattendus.
L’enjeu de l’alliance est alors d’être le creuset de la confiance en la capacité à transformer ces tensions en force de cohésion pour devenir le terreau de la volonté de l’acter.